Aperçu du projet
Le projet Urban Mouv’
La journée Urban Mouv’ s’est concrétisée le 2 avril 2016 à la Salle des fêtes de Montegnée. En résumé : plus de 400 entrées, une belle mixité sociale et culturelle, des talents incroyables et des messages magnifiques véhiculés par les jeunes et les experts. Des jeunes qui écoutaient les conférences, des adultes et chercheurs qui observaient les prestations artistiques des jeunes. Une fresque collective magnifique, de superbes expos et stands, des plats succulents,… Des experts présents qui ont joué le jeu de débats courts dans une ambiance parfois bruyante. Des artistes professionnels qui ont partagé leur expérience et leur art avec une grande générosité.
C’était une énergie positive toute la journée avec des jeunes qui se soutenaient mutuellement pour leurs démonstrations, des jeunes qui écoutaient et s’intéressaient aux conférences, des rencontres et partenariats qui en ont découlé, des rencontres avec des parents, etc.
Les origines
Pour rappel, le point de départ d’Urban Mouv’, comme du projet « recueil » est une injustice ou en tous cas un événement vécu comme tel. Il semblerait que lors de leur prestation à la FLP en 2014, certains intellectuels présents dans le public ont perçu l’intervention des jeunes comme émanant d’un groupe de « jeunes islamistes de Saint-Nicolas ». Choqués et révoltés par cet amalgame, ils ont souhaité rencontrer des sociologues, politologues pour essayer de comprendre et de déconstruire ensemble les stéréotypes qui circulent sur chacun des « mondes ».
Ils ont eu l’occasion de rencontrer plusieurs intellectuels intéressés par leur démarche et ont ressenti le besoin de partager leur expérience avec d’autres jeunes, d’autres intellectuels, avec des publics qui ne s’intéressent pas au rap de prime abord… Urban mouv’ est donc un événement qui tente de décloisonner les mondes, de rendre accessible l’expression critique de chacun, autant des rappeurs (et des jeunes qui s’expriment à travers la culture hip-hop) que des intellectuels.
Les jeunes porteurs du projet (jeunes du groupe de rap qui fréquente notre MJ, Ambiance Néfaste (Ambn)) se sont rapidement rendus compte que le contenu de leurs textes de rap et les réflexions qu’ils se font concernant notre société étaient abordés également par des sociologues dans leurs écrits scientifiques. C’est ce constat qui leur a donné envie de permettre à d’autres jeunes et d’autres intellectuels de profiter de l’enrichissement que peuvent permettre ces rencontres.
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Urban Mouv’ en vidéo
Vidéo freestyle de promo
Urban Mouv’ en vidéo
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Entrées jour J
Maisons de jeunes
Jeunes sur scène
Partenaires
Ils parlent de nous
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Ils sont partenaires du projet
Méthodologie du projet
Une méthodologie décloisonnante
Ce projet consacré au hip-hop comme exutoire avait pour but de valoriser le hip-hop et de discuter de son influence sur les jeunes et la société.
Pour ce faire, l’événement s’articulait en plusieurs parties : des conférences, des « démos », des animations, des stands, une fresque, une exposition et des concerts professionnels en soirée. Il s’agissait de « mettre en scène et en mots » le hip-hop comme exutoire, de discuter de son influence sur les jeunes et les moins jeunes et de l’image qu’il véhicule dans la société. Par le biais de réalisations concrètes liées à cette culture urbaine, le spectateur a eu l’occasion de découvrir une évolution « critique » faite de danse, de rap, de graff, …
Afin de rassembler les mondes « urbain » et « intellectuel », des jeunes et des experts scientifiques sont intervenus ensemble pour discuter de ce qui les anime au quotidien.
Pour rendre les conférences attractives et accessibles à tous, les codes du débat ont été adaptés en convoquant les intelligences de chacun. Nos discussions étaient animées par Joanne Clotuche (chargée de projet à Saw-B, membre de la revue politique), des chercheurs et des jeunes artistes qui répondaient artistiquement en illustrant par le corps ou les mots ce que ces thèmes de société évoquent pour eux. Le but étant de démontrer que l’art urbain n’est pas inconciliable avec la citoyenneté critique et n’est pas l’ami proche de la déviance.
En effet, les échanges ne se sont pas fait que par la parole. Les jeunes avaient l’occasion d’exprimer leurs points de vues via le rap, la danse et la narration. Nous avons alors eu le plaisir de discuter avec des experts (sociologues, anthropologues,… mais aussi personnes du milieu) de ces quatre thèmes qui nous interpellent.
Cette journée proposait en alternance des démonstrations artistiques de jeunes et des dialogues avec des experts scientifiques.
4 conférences animées ont ainsi été programmées autour de 4 thèmes :
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Immigration et théorie du complot avec Marco Martiniello (sociologue), Jérôme Jamin (politologue), (Kaer, rappeur confirmé) et 3 jeunes d’ Ambn ;
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Place de la femme et égalité des chances avec Chris Paulis (anthropologue), Michel Bar (sociologue), Fanette Duchesne (de la Commission Femmes à Liège), Sismik l’Amazone (ancienne rappeuse confirmée), Morgane et Anaïs du collectif Barbarie, Ak Flow d’Ambn et les danseuses de Saint-Nicolas;
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Politique citoyenne, paroles de jeunes avec Bruno Frère (sociologue), Tuk (danseur professionnel de break et contemporain), les danseuses des MJ de Jupille, St Nicolas, et Bicoque sur une musique écrite et rappée pour elles par Ak Flow et Prophesy (d’Ambn);
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Projets jeunes et hip-hop avec Romina Carota (animatrice Mj, Patribe (danseur Krump), Morgane et Anaïs du collectif Barbarie et Dema’s (rappeur de la mj de St Nicolas).
Ce projet a rassemblé de nombreux partenaires (16 Maisons de jeunes, des associations diverses comme le CIAJ de Seraing, le C-paje, la FMJ, la Maison des Sciences de l’Homme, la Régie des Quartiers de St-Nicolas ainsi que l’échevinat de la culture et de l’environnement de St-Nicolas, le PCS, la FWB,….)
Afin de concrétiser cette journée, diverses réunions de préparation et d’évaluation ont eu lieu avec les jeunes porteurs du projet, membres du groupe « Ambiance Néfaste », avec les chercheurs pour préparer les conférences mais aussi les divers partenaires.
Les ateliers d’écriture, de rap, de danse et le collectif Barbarie ont ainsi pu s’entremêler et fusionner leurs productions : les danseurs ont crée des chorégraphies sur les textes d’Ambn ; des jeunes rappeurs ont participé aux conférences… Nous organisions également des accueils thématiques pour notamment préparer la décoration avec les plus jeunes (construction de bancs en palettes, pochoirs sur des vinyles,…). Cela a ainsi amené un pic d’investissement, d’implication et d’engagement pour le projet de la part de l’ensemble de l’équipe.
Chaque jeune de notre MJ a pu dès lors s’investir selon ses envies, préférences, compétences et disponibilités. D’autres en venant soutenir l’initiative le jour j dans le public.
Nous avons pu disposer de la salle une semaine avant l’événement ce qui nous a permis davantage de créer du lien avec les mj partenaires qui avaient l’occasion de répéter sur la scène avec leurs jeunes, de participer aux séances de relaxation organisées par une partenaire du PCS, de photographier les préparatifs, d’installer leurs stands,… La dynamique de la semaine reflétait déjà l’énergie qui se préparait pour le samedi : de nombreux jeunes qui se rencontrent, s’expriment, discutent, se soutiennent, échangent leurs compétences et les partagent, etc.
Urban Mouv’ a permis de travailler avec un large public de jeunes, d’y intégrer les différents groupes qui fréquentent la MJ, de promouvoir la rencontre de plusieurs mondes, et de voir émerger la critique sociale des jeunes, leur citoyenneté et leur participation.
Un sociologue nous disait : « vous ne vous rendez pas compte de ce que vous avez réussi à faire : faire venir des chercheurs universitaires dans un univers inconnu pour eux en leur demandant d’adapter leurs discours dans un temps limité, ce qu’ils ont rarement l’habitude de faire lorsqu’ils sont invités en conférence, c’est une première ».
Il semble que le projet Urban Mouv’ ait redynamisé l’intérêt de nouvelles filles aux questions de la place de la femme. Concrètement, les jeunes filles (qui fréquentent ponctuellement la mj) nous ont fait part des réflexions apprises et qui les ont interpellées lors de la conférence.Pour l’ensemble des filles, le discours de Sismik l’Amazone, ancienne rappeuse confirmée: son parcours poignant d’une jeune fille élégante, blanche, blonde, rappeuse dans un univers hip hop masculinisé a de loin révélé aux jeunes une réalité méconnue et a ensuite sollicité des questionnements et une prise de conscience de certains stéréotypes. Voici quelques reformulations des commentaires dont nous ont fait part les jeunes juste après la conférence:
« Une femme qui fait du rap, c’est vrai qu’on en voit rarement;
Une femme qui arrête sa passion à cause d’une pression masculine qu’elle ne supportait plus, ça existe vraiment …?;
Il y aurait des inégalités homme-femme / de la misogynie au sein de cette culture?
Et donc en fait ce que j’accepte au quotidien, ce n’est pas juste ni égal…? ;
On peut, en tant que femme, faire du rap et garder sa féminité… moi j’aurais trop peur du regard des autres,… mais j’admire ce parcours,…
C’est bien ce qu’elle a fait, son travail est très bon, dommage qu’elle ait arrêté, je voudrais réussir à faire pareil…”.
Nous allons dès lors profiter de ces remarques pour rebondir et requestionner, avec ces jeunes, ces questions liées à la place de la femme.
Nous constatons que ces rencontres – avec des artistes professionnels, d’autres jeunes de MJ différentes, et des experts scientifiques – sollicitent certains questionnements chez les jeunes.
Le décloisonnement est dès lors primordial, selon ces expériences, pour tenter de développer l’esprit critique des jeunes. Celui-ci permet la découverte d’une différence, d’une similitude, d’une ressemblance, d’un exemple, d’une expérience riche, d’un intérêt commun,… Il permet surtout à chaque jeune de se retrouver dans ce qui l’anime le plus (le discours d’un pair: d’un jeune ; le discours d’un chercheur reconnu comme grand dans notre société; le discours d’un artiste professionnel, pris parfois en exemple par passion commune : le rap ou la danse).
Les objectifs fixés qui révèlent le fondement même du projet semblent atteints, voir dépassés car des partenariats locaux ont été plus présents que dans le passé, nous avons eu un soutien de la culture inédit, et enfin ce projet a permis une belle visibilité pour la commune, la jeunesse, le hiphop, et pour notre mj.
Aujourd’hui encore, beaucoup de partenaires ayant participé au projet ou ayant entendu parlé d’Ubran Mouv’ nous font part de leur envie d’une seconde édition. Bien que 2017 soit pris déjà par beaucoup de projets, l’équipe et les jeunes espèrent également revivre un tel parcours d’échange, une telle journée décloisonnante.
Objectifs du projet
Le projet URBAN MOUV’ vient d’une demande des jeunes et a pour but de valoriser les modes d’expression hip-hop et de « montrer que les jeunes de la culture hip-hop sont responsables et pas uniquement des jeunes de « banlieue » » (Ak-Flow, Rappeur du groupe Ambiance Néfaste, et jeune porteur du projet).
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Développer un regard critique et citoyen avec les jeunes à travers des ateliers artistiques et créatifs;
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Développer la créativité chez les jeunes et soutenir leurs productions collectives;
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Améliorer la reconnaissance des expressions artistiques des jeunes et de la critique sociale qu’ils font à travers leurs textes de rap et à travers leurs arts;
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Valoriser le hip-hop et sa culture;
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Discuter de son influence sur les jeunes (en quoi elle est un exutoire pour eux) et de son image à l’extérieur;
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Rassembler les mondes « urbains » et « intellectuels » pour révéler leur complémentarité, leur force, leur envie commune de déconstruire les stéréotypes et les préjugés de chacun;
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Déconstruire les stéréotypes dont souffrent certains jeunes;
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Développer un projet inter MJ pour valoriser les échanges et la coopération entre jeunes de MJ différentes;
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Promouvoir les valeurs de solidarité, d’échange et de partage véhiculées par la culture hip-hop;
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Accompagner les jeunes dans la gestion d’un projet collectif issus de leur volonté;
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Favoriser l’implication des jeunes dans une dynamique de projet à long terme;
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Favoriser la mixité (sociale, culturelle, de genre, artistique, de classe, etc.) autour de la préparation, la gestion et l’exécution du projet.